EMDR-Enfants et Adolescents

Ll’EMDR est une thérapie découverte par Francine Shapiro en 1987, cette thérapie a surtout été développé pour les adultes, les divers besoins pour les enfants et les adolescents n’ont été reconnu que lentement en lien peut être avec le fait de minimiser ou nier la souffrance des enfants et l’impact des évènements sur leurs vécus. La majorité des traumatismes chez l’enfant ne sont jamais diagnostiqués pour plusieurs raisons : méconnaissance des parents, fatalisme des parents, ignorance des solutions possibles, maltraitance… Souvent ce sont des éducateurs ou enseignants qui alertent les parents, parfois des proches de la famille.

Comment cela fonctionne l’EMDR avec les enfants

L’EMDR avec les enfants se fonde sur le même principe qu’avec les adultes. Quand nous avons vécu des traumatismes, des perturbations peuvent apparaitre, ce qui amène notre cerveau a resté bloqué sur l’évènement, sans que nous en ayons conscience, et ce sont les vécus traumatiques non digérés qui sont sources de ces perturbations. L’EMDR se fonde sur le modèle du processus du traitement de l’information. Les réseaux de mémoire sont la base de la perception, des attitudes, du comportement. Cela veut dire qu’en chacun de nous, nous avons un système physiologique de traitement de l’information. Dans le cadre d’un traumatisme, le traitement de l’information est bloqué. La stimulation bilatérale va donc permettre de traiter l’information bloquée et figée.

L’EMDR va être utilisé sur le même modèle que les adultes, la différence est que le protocole (ou la manière de travailler) va être adapté selon l’âge développemental de l’enfant. On ne travaille pas en EMDR de la même manière avec un nourrisson, un enfant de 2 ans, de 5ans, ou de 12 ans.

Ce qui est primordial dans le travail avec l’enfant :l’adolescent est qu’on ne peut pas travailler sans les parents. On ne peut pas penser l’enfant en dehors du contexte de la dynamique familiale. Ce sont les parents qui prennent soin de leurs enfants, ce sont eux qui le connaissent le mieux et l’enfant dépend d’eux. C’est cette relation d’attachement qui va modeler la personnalité de celui-ci, réguler ses émotions et sa vision du monde.

C’est en ce sens-là que si je dois rencontrer un enfant pour faire de l’EMDR, une première rencontre aura lieu avec les parents et l’enfant pour décider ensemble du travail que l’on peut mener ensemble.

Les effets du trauma sur le développement de l’enfant

Les conséquences sont toujours néfastes pour le développement psychique de l’enfant le pénalisant parfois très lourdement. Les problématiques d’apprentissage, l’échec scolaire sont des signes évidents d’états de stress post-traumatiques à traiter.

Un enfant qui refuse d’apprendre, ou il n’a pas la capacité de se concentrer ou d’apprendre, est un enfant pour qui l’indication d’une thérapie EMDR est vivement conseillée.

Lorsqu’il s’agit d’enfants, il faut toujours se souvenir que leur cerveau est encore en développement et en cours de différenciation. «  Perry (2008) décrit que lorsqu’un trauma se passe chez un nourrisson ce sont les parties basses du cerveau, le tronc cérébral et le diencéphale qui sont affectés. Ces parties régulent certains fonctionnements du corps, de l’excitation et sont incapables de perception consciente. Pendant la petite enfance le système limbique avec sa réactivité émotionnelle (…) est le plus affecté par le trauma. La majorité de l’organisation du cerveau se met en place pendant les quatre premières années de vie. Il semble donc que le développement du cerveau durant ces 4 années sert de référence pour le système immunitaire psychologique et pour celui de l’attachement.

Pendant l’enfance et l’adolescence, les régions corticales du cerveau deviennent plus actives et sont plus directement impactées. Ces régions entrent dans le processus de développement final au début de l’âge adulte. Pendant longtemps, on a cru que les très jeunes enfants ne pouvaient pas se rappeler les évènements perturbants et traumatiques, qu’ils ne pouvaient pas les comprendre » car ils n’avaient pas la parole. Extrait du livre L’EMDR avec l’enfant et sa famille – Joanne Morris-Smith et Michel Silvestre.

Les indications

Un symptôme qui perdure exprime un problème qu’il y a lieu d’identifier. Les symptômes peuvent prendre des formes diverses comme une irritabilité constante. Sans qu’il n’y ait de causes organiques, l’enfant pleure tout le temps par exemple. D’autres symptômes qui sont à prendre en compte : le refus de se nourrir, des difficultés d’endormissement, de l’apathie…

Quelques symptômes qui devraient donner lieu à consultation : adoption, naissance traumatique, naissance prématurée, séparation de la mère dans les trois premiers mois, si la mère a eu une grossesse perturbée soit pour des problèmes de santé, soit qu’elle aura été victime d’agression, ou de violences conjugales ; si la mère a eu un choc émotionnel grave (accident, décès d’un proche, problème de santé) ; milieu familial conflictuel ; arrivée d’un nouvel enfant.

Le rôle des parents est de participer activement au traitement, selon les cas.

Les différents âges – le protocole développement des enfants

Plus l’enfant est petit, plus la durée de la séance sera réduite compte tenu de son attention.

Le traitement du nourrisson jusqu’à l’âge de 3 ans

Il est tout à fait possible et approprié grâce au modèle EMDR de travailler dans des conditions spécifiques avec les parents, sans qu’il soit besoin de passer par la parole. Il est donc possible de traiter des traumatismes liés à la période fœtale, à une naissance prématurée, au traumatisme lui-même de la naissance, à une maladie infantile …

La thérapie EMDR offre une solution efficace, facilement accessible qui apaisera l’enfant en très peu de séances, ainsi que les parents. Elle est largement méconnue en matière de traitement du nourrisson et ce manque d’information est un véritable écueil pour les parents qui ignorent une solution possible.

Dans ce travail spécifique auprès des jeunes enfants, on va travailler avec les parents sur l’histoire narrative de l’incident traumatique pour aider l’enfant à intégrer l’information traumatique bloquée et figée. Durant cette histoire narrative faite par les parents guidés par le thérapeute, le parent raconte l’histoire avec des stimulations bilatérales faites avec l’autre parent (ou soignant ou thérapeute). « Dans le cadre d’un traumatisme, les détails perceptifs (le bruit, les cris, le feu…) submergent la capacité de l’enfant à les trier de manière sélective et à comprendre ce qui se passe quand il n’a jamais rien connu de tel auparavant. Sans ses associations, le traitement de la mémoire, la construction d’un sens et la compréhension deviennent impossibles. Fixer des mots du récit afin d’ancrer la mémoire pour créer du sens contribue à donner de la cohérence à des (vécus) somato-sensoriels non transformés chez l’enfant ». Extrait du livre L’EMDR avec l’enfant et sa famille – Joanne Morris-Smith et Michel Silvestre.

Les enfants de 3 à 5 ans et de 6 à 8 ans

Avec les enfants de cet âge quand on travaille en individuel en EMDR, on propose souvent de dessiner ce qui est difficile pour lui (l’accident, les réactions de ses camarades…), puis je demande à l’enfant quels sont les mauvais mots qu’il peut avoir dans sa tête (« je suis nul », « je ne suis pas capable d’y arriver »… puis je lui demande ce que cela lui fait (tristesse, colère), à combien cela l’embête sur une échelle entre 0 et 10 et de le montrer dans son corps (le ventre, le cœur…). Puis, nous utiliserons la stimulation sensorielle des deux côtés du corps, soit par le mouvement des yeux, soit par des stimuli auditifs ou cutanés, pour induire une résolution rapide des symptômes. Dans ce cadre-là, on s’adapte également à l’enfant on peut lui demander de suivre avec les yeux un nounours, une voiture ou de taper de manière alternative sur un coussin ou dans les mains. Selon l’âge, le travail en EMDR peut se faire avec la présence active du parent.

Les enfants entre 8 ans et 12 ans 

On travaille de la même manière avec l’enfant, en s’adaptant à son âge. L’enfant n’a pas besoin de dessiner, il exprime de lui-même l’événement perturbant (l’image la plus difficile) puis on travaille de la même façon. Les parents n’ont pas besoin d’être présent, mais c’est l’enfant qui peut décider qu’ils puissent l’être.

Au-delà de 12 ans et jusqu’à 18 ans

Avec les adolescents, la séance en EMDR est identique à celle des adultes. Bien entendu, le travail avec la dynamique familiale reste essentiel.